Classée monument historique le 19 novembre 1910
L'ancienne collégiale Saint-Pierre est une création des Bourbon, propriétaires du château voisin, qui souhaitèrent se ménager la faveur divine : Guy de Dampierre, sire de Bourbon, créa un chapitre de 20 chanoines, qui devaient prier pour le repos des âmes de la famille. Ceux-ci devaient suivre des offices en commun, mais pouvaient résider dans des maisons individuelles. Archambault VII de Bourbon réorganisa le chapitre en 1246, lui attribuant des revenus fonciers, les prébendes. Même si la communauté fut supprimée à la Révolution et l'église transformée en église paroissiale, le souvenir des chanoines est encore présent dans l'église : le choeur très développé, contient toujours les stalles en bois sculpté qui leur servaient de sièges pendant les offices. Verneuil, petite commune appartenant au canton de Saint-Pourçain/Sioule, est fortement marquée, pour son passé, par son appartenance au domaine des Bourbon. En effet, pendant l'époque médiévale, cette ville - car il s'agissait alors d'une vraie ville enclose de murs, avec son tribunal, ses notaires, ses fonctionnaires et ses artisans - fut le siège d'une châtellenie, où résidait un représentant des sires, puis des ducs de Bourbon.
Ainsi, l'église Saint-Pierre fut-elle pourvue d'un chapitre, c'est à dire d'un groupe organisé vivant sous une règle, de vingt religieux, les chanoines (de canonicus), chapitre définitivement créé en 1246 par Archambaud VII, sire de Bourbon.
Actuellement, l'église se compose d'une nef de quatre travées voûtée en berceau brisé prolongée à l'est par un choeur composé d'une travée droite terminée par une vaste abside en hémicycle au volume majestueux, rappelant l'usage quotidien qui en était fait à l'époque des chanoines. Le bas-côté nord, voûté en plein-cintre, est prolongé à l'ouest par la bas du clocher. Deux chapelles ouvrent au sud : la plus grande est voûtée d'une croisée d'ogives retombant sur des culots sculptés d'anges porteurs de blasons autrefois colorés. Cette église est largement éclairée par des baies ouvrant de chaque côté sur toutes les travées et sur le choeur. A l'extérieur, la vaste abside semble accueillir le visiteur arrivant de l'est. Le clocher, visible de loin, signale la présence du monument par sa silhouette élancée, se dressant, à partir de sa base carrée, en une majestueuse tour octogonale du XIV0 siècle couronnée par une petite flèche, qui remplace probablement une première flèche plus élevée. Le portail nord, ouvrant dans la troisième travée du bas-côté, est orné d'un tympan asymétrique comportant une croix entourée d'un cercle. Les pentures de cette porte en fer forgé datent de la fin du XIII0 siècle.
Le clocher carré est terminé par des glacis d'angle accentués par un étage octogonal du XIV° siècle percé sur chaque face d'une baie moulurée. Il est couronné par une toiture en pavillon, remplaçant peut-être une flèche disparue. |
Parmi les objets mobiliers figure notamment une sculpture en bois polychrome du XVIII° siècle représentant saint Sébastien criblé de flèches lors de son supplice, avec sa serpe et une grappe de raisins, soulignant le côté viticole de la région.
Les piliers de l'église Saint-Pierre conservent les vestiges d'un décor plus vaste qui a dû à une certaine époque englober une grande partie du monument. Il nous reste aujourd'hui un saint Michel avec une envolée de draperies jaunes et bleues brandissant une croix d'orfèvrerie, un évêque coiffé de la mitre et portant la croix processionnelle d'une main et un livre de l'autre. Plus original et un peu plus tardif bien qu'également gothique, un cardinal en grand costume pourpre occupe un autre pilier. Un donateur, sans doute un des chanoines de Saint-Pierre, l'accompagne, en prière. La figuration du prélat rappelle peut-être le passage à Verneuil de Charles de Bourbon, en 1487 : il était alors évêque de Clermont et allait devenir cardinal et archevêque de Lyon peu après. Le Maître de Moulins fit son portrait, aujourd'hui conservé au musée de Munich, on reconnaît son long nez et sa bouche fine et pincée.
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